16 Sep Ego
Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu l’envie, la motivation ou même l’idée d’écrire, et encore moins de publier sur ce blog. Je l’avais laissé en jachère, comme un moment dans le temps, une passade de jeunesse, un mausolée d’une époque où nous confessions pour quelques lecteurs des états d’âmes ou des propositions de marques avides des débuts de l’influence digitale.
J’avais oublié qu’écrire, même pour soi, avait la vertu d’à la fois mettre des mots sur des sentiments, mais aussi de déposer quelque part un bonheur ou un mal-être, comme pour s’en débarrasser pour un moment. Pour prendre une distance par rapport à l’objet, comme pour mieux l’observer de l’extérieur, le jauger, le scruter pour le comprendre d’un autre angle.
Alors que la trentaine est bien entamée, et qu’un million de choses se sont produites depuis mon dernier billet personnel, que j’ai longtemps estimé que je devais me renfermer dans une bulle pour protéger mes propres sentiments, j’ai ressenti là, ce soir, comme un besoin d’ouvrir un traitement de texte (qui utilise encore ce terme en 2021 ?) pour coucher sur écran un malaise certain.
Inévitablement, et tu le sens, lecteur aléatoire qui tombe sur ce billet par erreur probablement, tant le Dieu du référencement a abandonné cette ruine d’expression, tu le sens donc, que je vais parler sentiments, et pour ne pas tenir en haleine plus longtemps, de sentiments amoureux.
Cela fait de nombreuses années à présent que je n’ai pas eu de vie de couple. Si au départ, c’était un choix revendiqué, comme un besoin de me concentrer sur moi-même, de faire un point et une pause après une intensité trop présente, j’ai voulu tenter, retrouver des occasions, me rouvrir à la vie, écarter légèrement les mains devant mon visage pour laisser passer un œil curieux mais frileux.
Mais à chaque fois, systématiquement, de manière inattendue, je me suis fait renvoyer dans mes plates-bandes, repoussé par un uppercut empreint d’erreur, de mauvais choix, de tentatives aléatoires, d’espoirs douchés. Et à chaque fois, mon capital égo en a pris un coup. A chaque fois, je partais au départ avec une confiance en moi diminuée, une attente plus grande, un besoin de réparation plus fort, et chaque échec réduisait d’autant mon enjouement initial.
Même à descendre mes attentes, même à cacher mes rêves secrets, même à jouer au partenaire idéal, j’ai fini, systématiquement, froidement, parfois -souvent- cruellement par me faire abandonner d’une manière simplement insupportable. Comment se relever et repartir au combat ? Comment faire confiance a priori, comment retrouver une candeur si nécessaire lorsqu’une relation nouvelle naît ? Comment ressentir de la fraicheur ? Je n’arrive plus à trouver la réponse. Accumuler autant d’expérience pour ne pas trouver de solution me laisse désarmé, interrogatif, et profondément défaitiste.
Existe-t-il un point de non-retour où l’ego ne peut plus être sauvé ? Un moment, une défaite de trop ? Est-ce un moment sans ? Une passade avant une nouvelle tentative, une ultime révolte ? Où est-ce que cet acharnement, à la Don Quichotte, m’entraine inévitablement vers un état de solitude permanente ?
C’est joyeux non ? Bon, je vais essayer de finir ce billet sur une note pouêt-pouêt dont j’ai le secret. Vous connaissez le pire jeu de (re)construction ? Non ? C’est L’ego.